A propos d’une fausse attribution du B de Boissettes ...

Une fabrique de porcelaine d'Orléans a failli usurper le B de Boissettes !

Cette lettre B représente l’identité graphique de Boissettes que l’on retrouve aujourd’hui dans l’ensemble des supports de communication de la commune : couverture du journal de Boissettes, site web, salle de L’Ecole, documents de la mairie, plaque du nom des rues... et même façade de l’église.

Cette marque provient de la fabrique de porcelaine de Boissettes (1775-1781).

La lettre B est placée sous les assiettes et autres objets des arts de la table ; comme toute signature, elle authentifie la fabrique d’origine. Ce simple B en écriture cursive(1) majuscule est plus souvent de couleur bleu cobalt. La lettre est appliquée au pinceau « sous couverte » c’est-à-dire avant la deuxième partie
de la cuisson.

En 1788, une fabrique de porcelaine d’Orléans marquait aussi d’un B majuscule ses productions. Cette marque correspondait au B de Bourdon, nom du directeur de la manufacture. Cette signature étant très proche de celle de Boissettes, cela induisait une possible erreur d’identification sur l’origine des porcelaines, notamment celles exposées au musée d’Orléans. Heureusement un éminent chercheur, M. Jacques Gandur, président des amis des musées d’Orléans a identifié cette erreur d’attribution. Son texte, fort bien documenté, est issu d’une publication du 17 janvier 1975 publié dans les mémoires de la société d’agriculture, sciences, belles-lettres et art d’Orléans.

Trois arguments démontrent l’erreur d’attribution : la fabrique de Boissettes (1775-1781) est antérieure à celle d’Orléans (1795-1797), la production de Boissettes utilisait « une technique des manufactures parisiennes et les porcelaines étaient décorées par des peintres à la mode ; les manufactures de province n’avaient pas réussi à égaler cette technique», enfin l’examen attentif du graphisme montre que le de Boissettes est tracé en écriture cursive d’un seul trait alors que le de la manufacture d’Orléans « est tracé en écriture bâtarde au moyen de deux traits de pinceau.»

 

Si vous souhaitez en savoir plus sur les porcelaine de Boissettes, voici le livre de référence : Faïences et Porcelaines de Boissettes de Elisabeth MEYER, édité par Paris Les Editions de l'Armateur, 1994.

 

Ce B des porcelaines a été repris par une artiste de Boissettes, Mme Chantal Vortich-Anglade fin 2001 pour l’enrichir graphiquement et le moderniser par une illustration qui caractérise le village : la Seine (en bleu), les bois (en vert) et son église du XIIIème .

 

(1) L’écriture cursive est aussi appelée « écriture attachée » avec des lettres liées pour la formation d’un mot. Avec l’usage d’un stylo à plume (ou d’une simple plume !), les tracés présentent des pleins et des déliés. Avec un stylo à bille, c’est plus difficile ! Ce style d’écriture manuscrite est encore pratiqué à l’école aujourd’hui par tous les jeunes élèves dans l’apprentissage de l’écriture.

Xavier Daras